Il est beau. Il est grand. Il est perdu au milieu de la Sibérie. Même si y aller ne fut pas si simple. Commençons par Irkustsk, ultime étape avant le fameux lac.
1) Veillée à Irkutsk
Les premières heures dans cette ville sont plutôt agréables. Un déj dans un resto qui ne paye pas de mine. Une bière achetée ? Allez, une autre offerte. Puis c’est l’heure de découvrir la ville.
Il y quelques maisons en bois – ma passion – mais rien de comparable à Tomsk. On peut quand même visiter l’une d’entres elles. Plus loin, on retrouve une belle église toute en couleur.
Et puis le soir, il y a ce resto qui oublie notre résa. « Ah, mais si vous voulez, il y a cette place là, dans le coin ». Là, les quelques centimètres entre les deux groupes étalés sur les tables ? Et la sympathie russe sauve la situation : un couple entendant cela nous propose de partager leur table, ce qu’on accepte avec plaisir.
Ils ont quasiment terminé leur repas, et très naturellement la discussion s’enclenche. La quarantaine, ils ont d’abord vécu en Allemagne, où ils se sont rencontrés. Ils reviennent de temps en temps ici, pour voir de la famille.
« Dans les campagnes, ils veulent absolument vous faire boire de la vodka » dit-il en souriant. « Mais le vin c’est quand même plus sympa ! » ajoute-t-il en rigolant et levant son verre.
Elle nous recommande (et offre) un dessert à base de miel et de baies, très bon. C’était le dessert que lui faisait sa grand-mère, le soir après dîner. Ils ont fini leur repas depuis quelques temps, mais elle décide alors d’en commander un également.
On discute ensuite de leur vie au Kazakhstan, où il travail et vivent en ce moment. Des voyages aussi, en abordant la Géorgie, destination communément visitée – et aussi sujet plus sensible mais pas bloquant.
On se sépare chacun visiblement très satisfaits de cette soirée improvisée. Demain, c’est le Baïkal.
2) Direction l’île d’Olkhon
7h10. La gare routière grouille de monde et de minibus. Mais aucune indication sur leur destination. 20 minutes plus tard, c’est l’heure estimée du départ : il n’y a plus de minibus sur le parking. Soudain, il arrive. Piloté par Anatoli qui nous confirme d’un hochement de tête que oui, c’est avec lui que le trajet va se faire.
Anatoli ? Un mec connu dans le milieu des chauffeurs de minibus russes. La cinquantaine, froid mais sans doute pas méchant. Il ne parle pas anglais. Il demande si quelqu’un peut nous expliquer que pour les bagages, il y a un supplément. Le reste des voyageurs est russe.
On part. Dès les premiers mètres, on sent qu’il manque deux choses : une ceinture et des amortisseurs. La conduite sportive d’Anatolie permet également de bien profiter des imperfections de la route. Le trajet va être long.
Lac en vu ! Ainsi qu’une longue file de voitures qui attendent pour prendre le bac. Les minibus sont prioritaires : cinq minutes plus tard on est sur le pont, à admirer le bleu foncé de l’eau. Captivant.
A peine débarqués, on sent qu’Anatoli est dans son élément : c’est de la piste ! Les yeux d’Anatoli brillent. Enfin je pense : du fond du van c’est un peu les montagnes russes. Anatoli a abandonné la piste pour rouler à travers champs. Dans le mini-bus, des verres (de vodka ?) s’échangent. Je comprends. Un petit groupe semble connaitre Anatoli et accompagne les montées par des « oooh… et les descentes par des cris.
Vers 13h, on arrive entiers dans le seul village de l’île d’Olkhon : Khoujir. L’espoir, c’est quoi ? C’est qu’Anatoli ne soit pas le chauffeur du retour, demain.
3) L’île d’Olkhon
Khoujir s’organise autour de larges chemins de terre, entourés de petites maisons. Bien souvent des hôtels ou des maisons d’hôte.
Une sensation de calme se dégage de l’île chamanique. Il n’y a pas vraiment de restaurants : les habitants ont transformé leurs habitations en petites cantines.
En fin de journée, les touristes s’affairent dans une mini grande surface. L’ambiance est celle d’une station balnéaire ou de ski. Avec en prime, l’odeur des poissons séchés : l’omoul.
4) Le retour à Irkutsk
Nouveau jour. Ce dimanche commence par une piqûre de guêpe lors du petit déj. A peine remis de cette terrible blessure, c’est l’heure d’une dernière balade sur les falaises. Avant de rejoindre en début d’après-midi l’arrêt de bus.
Et là : pas d’Anatoli ! Le minibus est même tout pimpant !
La conduite est souple, calme. On se rapproche tranquillement de l’embarcadère. SOUDAIN : le moteur s’arrête. Mec, ton mini-bus est tout neuf ? Le chauffeur ouvre la porte (accessoirement sur des orties) pour nous laisser prendre l’air le temps de chercher la cause de la panne.
Une demi-heure passe : des passagers se font récupérer par des amis ou un taxi pour continuer leur route. Le groupe se réduit. Daniel, un russe d’une trentaine d’année qui utilise à merveille Google Traduction explique ce qu’il se passe : le minibus est hors service. On va se rapprocher jusqu’au traversier et attendre un autre minibus qui vient d’Irkutsk.
Arrivés de l’autre côté, on se dirige vers le café. Vide : à cette heure-ci il n’y a plus que les camions de ravitaillement qui foncent vers l’île. Le petit groupe discute en russe évidemment. Aucun étranger encore. Certains vont acheter de quoi grignoter pour le partager. Malgré la barrière de la langue, l’intégration avec le groupe se fait bien. L’un d’eux sort une bouteille en plastique remplie de vodka. Tous rigolent. Le temps passe ainsi, accompagné de musique également.
4h plus tard, le minibus parti d’Irkutsk fait enfin son entrée sur le parking, en trombe.
Certains commencent à plaisanter et rire avec le chauffeur qui en sort. Et ouais. Nous revoilà aux mains d’Anatoli. Evidemment.
On est content de le voir. Et le retour sera plus simple que l’aller : l’habitude. Excepté un pied dans une bouse de vache lors d’un arrêt. Un détail que les chamans trouveraient peut-être de bon augure pour la suite de l’aventure !
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